Les Scolos....

Publié le par l'ulcéré

 




Beaucoup d'entre vous ont apprécié la première aquarelle de Jean-Luc. C'est vrai qu'elles sont belles. Il m'en reste quelques unes. Il faudra que vous veniez consulter le blog de temps en temps pour en découvrir une nouvelle. Il doit m'en rester une dizaine.

Celle-ci va illustrer ma hantise à Mayotte... La scolopendre... J'ai une phobie : les serpents. En fait j'ai compris à Mayotte que ma phobie était lié à ce qui rampait...  Bien sûr, les serpents mais quel animal à Mayotte se rapproche le plus des serpents si ce n'est la scolopendre... Tout le monde dit le scolo. C'est d'ailleurs marrant de masculiniser un danger potentiel. Le scolo, c'est mieux que la scolo, comme-ci, le danger ne pouvait pas être féminin!!!!

C'est marrant car j'ai toujours attendu d'être "mordu" par une scolo mais je ne l'ai jamais été... Si, une toute petite d'un centimètre, celle à tête verte et translucide, j'ai cru, sur le coup, que c'était à nouveau une guêpe batisseuse qui me piquait. Je la cherchais partout... Rien... En enlevant mon short, de la poche arrière, en filigrane, une petite scolo... J'imagine aisément si elle avait été plus grosse.

La première année à Poroani, on vivait sur une scolopendrière!!! La maison était en travaux et les ouvriers mettaient  toutes les pierres et gravas au fond du jardin, repère idéal pour scolo en manque d'abris... De plus, on a appris par la suite que la maison était battie sur un ancien marais à côté de la rivière... Sachant que dans les villages mahorais, le manque d'infrastructures, de ramassages des poubelles, les habitudes du passé où tout était jetable,  il est évident que les scolo sont  nombreux..

A Poroani, nous avons dû deux ou trois fois faire venir une entreprise de désinsectisation.. Bonjour le produit de merde mais au moins on pouvait dormir relativement tranquillement... C'était dû en fait à Neven, premier enfant donc toujours inquiet, jeune enfant, un an quand on est arrivé.... Et puis, il y a eu les abrutis que toutes celles et ceux qui arrivent à Mayotte doivent rencontrer, celles et ceux qui s'amusent à faire peur avec les scolo, qui se gargarisent, elles et eux, de n'avoir pas peur... mais qui prennent la précaution extrème de vous détailler la morsure de la scolo, des circonstances, genre, celle qui vient la nuit dans le lit alors que vous êtes dans la position de faiblesse extrème, le sommeil.... Le réveil, la douleur extrème, et on en fait une tonne sur la douleur... N'est HÖMME que celui qui s'est fait piquer par une scolo...!!! (cf la chanson Mayotte Man qui résume bien ce genre de mec)  Putain d'abrutis qui m'ont traumatisé avec ce pauvre mille-pattes, appelé cent-pieds à La Réunion et qui existe aussi en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. La pauvre Scolo, seule bête dangereuse de Mayotte.... On fait même du Rhum Scolo comme on fait de la liqueur de vipère... Incroyable.

Les mahorais étaient tellement habitués à leurs morsures, car elle a des mandibules et non un dard, que c'était somme toute normal pour eux. Je me rappelle d'un ami de Fred, Tam, venant à la maison, qui avait un peu mal à la tête. Je lui demande pourquoi il se gratte ainsi à la tête et il me répond, que dormant à terre, une scolo l'a piqué à plusieurs reprises!!! Moi, le bon M'zoumgou, je lui demande comment il fait pour supporter les piqûres ainsi. Lui, étonné, me dit qu'il se fait piquer deux à trois fois par semaine... C'est même marrant, je me souviens d'un surveillant qui en jouait dans le sens où il avait compris combien ça me faisait peur...!!! Pourtant je suis devenu un spécialiste, un vrai tueur de scolo, avec une sandale comme les mahorais... Un premier coup pour les arrêter et les assommer, un deuxième pour les cogner durement et le troisième coup pour les tuer... Efficace, un vrai tueur. J'avais une arme secrète, bien mieux que tous les insecticides possible : Un maillet en plastiques, efficace sur le carrelage!!!!! Je les éclatais en une seule fois. Je devais parfois aller rechercher les différents morceaux gigotant encore au quatre coins de la pièces. C'était efficace!!! Et, surtout, toujours bien couper la tête... Croyance locale (ou vérité?) qui dit que la scolo continue à vivre si on ne lui coupe pas la tête!!!

J'en ai des souvenirs avec les scolo. Toutes personnes ayant vécues à Mayotte a des souvenirs avec les scolo, forcément, surtout quand on a vécu en village. Moi je me rappelle de ce premier soir, de ma première soirée à Mayotte avec un connard qui s'évertuait à me foutre la trouille, voyant que ça marchait. En plein mois d'août, alors que ce n'est pas la saison des scolo car elles préfèrent l'humidité, une scolo apparût cette soirée là et j'ai surtout vu chez toutes ces personnes une espèce de frayeur dans les yeux. Ce cri :" scolo". Et tout le monde qui a soulevé les jambes... Voilà comme une soirée peut marquer les esprits, mon esprits...

Ce qui m'a un peu réconforté après, c'est, qu'en parlant de tous les scolo qu'on avait à Poroani, on me disait que je n'avais pas de chance et, qu'eux en avaient beaucoup moins.. Et c'est vrai qu'en déménageant à Kwalé, en pleine nature, on a dû avoir trois à quatre scolos dans l'année alors qu'à Poroani, on en a eu environ une soixantaine la première saison des pluie... J'en retrouvais souvent une coincée dans le bac à douche le matin.



Il y avait quand même quelques consignes à respecter : Toujours regarder à l'intérieur des chaussures, laisser couler l'eau avant de mettre les pieds dans le bac à douche car, aimant l'humidité, elles se planquaient la nuit dans la tuyauterie, ne pas laisser traîner au sol la moustiquaire et, la nuit tombant, avoir les yeux à terre..

Certainement je me suis pris la tête avec ça, mais en rentrant en métropole, j'ai été agréablement surpris de ne plus regarder où je marchais.

Quelques anecdotes : Neven, 16 mois, assis sous la varangue entrain de jouer avec une scolo à moitié insectisée...!!! Je fût particulièrement rapide ce jour là!!! Une autre fois entrain de jouer avec lui sur le carrelage et une scolo, peinarde, qui nous passe à dix centimètres!!! Le temps de prendre ma sandale et hop, trois coups. C'est Rachadi qui m'a appris à les tuer de la sorte... Salut militaire Rachadi, j'espère que tu n'es pas en Afganistan...
Une autre fois je reviens de la cuisine avec un plat et devant moi, une scolo qui a forcément traversé une forêt de jambes. Trois clacs et hop... Une autre fois avec minette qui s'est attaquée à une scolo. D'un coup de griffe, elle m'a envoyé le scolo sur moi. Pas de piqûre. J'en passe et des meilleures. Le bras de Céline la chatouille pendant une partie de tarot, une petite scolo, et le meilleur pour la fin : Tous les gravas et pierres accumulés, je demande à ma proprio, Courrachia de les faire enlever, trop de scolos... Les mecs armés de pelles en ont tué ce jour là une quarantaine... Incroyable, chaque coup de pelle déterrait une scolo. Je n'ai jamais vu des personnes travailler autant les jambes écartées!!!!!! M'enfin voilà l'histoire des scolos, sale bête mais à peine pire qu'une piqûre de vive ou de frelon. Plus prise de tête qu'autre chose.... Pas de serpents venimeux à Mayotte. Les seuls vrais dangers sont dans le lagon en fait : le poisson pierre, le cone (un coquillage qui ne se fume pas...) et les requins, si nombreux qu'en quatre ans, on n'a pas réussi à en voir!!!

Publié dans bestiaire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Z
oooh purée j'ai peur. J'ai la phobie de tous les insectes c'est pour cette raison que j'hésite à vivre à Mayotte. En vacances quand je les voyais je tombais dans les pommes. Les professionnels en désinsectisant ont fait un beau boulot? C'est quel entreprise? J'aimerai bien les appeler pour qu'ils viennent chez ma grand-mère quand je serai en vacances chez elle....
Répondre